Retour sur le continent à Cap Prud'Homme
Comme prévu avec Claire, nous avons passé la journée sur le continent pour relever une cinquantaine de balises et les données des stations météo du programme Glacioclim. Derrière le grand mot savant "balise" se cachent tout simplement des bouts de bois ou de plastique, enfoncés dans la glace sur plusieurs mètres. En fait il nous faut mesurer avec un mètre (là encore c'est un grand travail de scientifique) la hauteur de la partie des balises qui sort de la glace, le but étant de faire ce que l'on appelle un bilan de masse (c'est le labo de glaciologie qui s'en occupe) ou autrement dit on cherche à savoir si cette (très petite) partie de la calotte s'épaissit ou s'amincit. Par contre pour savoir ça, là il faut de très bonnes connaissances scientifiques, avis aux fous de maths et de physique, mais c'est très intéressant si on se penche sur le sujet.
Pour relever les balises nous étions accompagnés de Patrick, Jean-Pierre et Jean-Paul. Ce qui fait qu'à cinq, nous avons pu avancer plus vite, ce qui nous a évité de rentrer de nuit du continent (et oui à 16H, il fait déjà bien sombre).
Il y a deux choses qui m'ont le plus marqué dans cette journée : la première est qu'il fait plus froid dans les bâtiments (vu qu'ils ne sont plus chauffés à Prud'Homme) qu'à l'extérieur et la seconde (étant donné qu'il n'y avait pas un brin de vent), c'est l'absence de tout bruit, absolument rien...j'ai trouvé ça très apaisant. Il est vrai que depuis que l'on est ici, certains bruits, courant en métropole, nous choquent. Par exemple, il y a pas mal de semaines de ça, à un repas nous écoutions un sketch, de je ne sais plus qui, et puis dans ce sketch il y avait une sirène de pompier...tout le monde s'est arrêté de manger et scrutait dans toutes les directions pour savoir d'où venait ce son qui ne nous est plus familier (maintenant c'est plutôt le chant des empereurs). Un autre exemple : j'étais dans ma chambre et puis j'avais l'impression d'entendre un chien aboyer et là on se dit "mais il va bientôt fermer..." et puis là on réagit et on se dit "mais non, c'est impossible". D'ailleurs je ne sais plus pourquoi il y avait ce bruit qui me faisait penser à un chien. Bref, tout cela pour dire qu'au moment où l'on devra rentrer (ce n'est pas maintenant c'est sûr mais le temps passe si vite ici), certains bruits (ou même les odeurs) qui étaient banales avant de venir ici auront un goût de redécouverte. Ça fera vraiment bizarre, mais ça sera marrant, de se dire "tiens ce bruit là, ça fait plus d'un an que je ne l'avais pas entendu et là cette odeur...Car mine de rien, un an en Antarctique ça déphase quand même, mais ce qui est bien avec les êtres humains (enfin je crois) c'est que l'on s'adapte très vite à l'environnement dans lequel on vit.
En photo, la station de Cap Prud'Homme et en arrière plan l'île de pétrels avec DDU. Cet après-midi la température était de -20°C et pas de vent (enfin très très peu).